“Des erreurs en pagaille” dans les DPE alerte 60 millions de consommateurs

Bastienne le mercredi 25 Mai 2022 02:16

L’association 60 millions de consommateurs a mis en évidence dans son rapport du 24 mai de nombreux problèmes et dysfonctionnements liés à l’application et la fiabilité du DPE (diagnostic de performance énergétique). D’autres enquêtes sont à retrouver dans notre rubrique actualités financement.

Zoom sur le DPE

Le DPE a été instauré en 2006 par le ministère de la Transition écologique. Il permet de renseigner la performance énergétique d’un logement ou d’un bâtiment grâce au recours à des étiquettes allant de A à G et en évaluant sa consommation énergétique et son impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, le DPE qualifie le bâtiment ou le logement (surface, orientation, murs, fenêtres, matériaux, etc.), ainsi que ses équipements de chauffage, de production d’eau chaude sanitaire, de refroidissement et de ventilation.

 

Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la politique énergétique définie au niveau européen, renforcée dernièrement par le nouveau plan de transition énergétique voté par la Commission Européenne, afin de réduire la consommation d’énergie des bâtiments et limiter ainsi l’impact carbone, néfaste pour l’environnement.

La méthode

Pour réaliser son enquête, 60 millions de consommateurs a demandé l’aide à 4 propriétaires de maisons situées un peu partout en France et a demandé à 5 professionnels différents de réaliser ce fameux diagnostic. Et alors que les propriétaires auraient dû obtenir 5 fois le même résultat, il s’est avéré qu’il y a eu des écarts substantiels, allant de une à plusieurs lettres d’écart, ce qui change bien entendu fondamentalement le résultat énergétique du logement !

La maison située dans l’Essonne a ainsi obtenu trois notes différents : C, D et E en fonction du professionnel ! Et les erreurs sont loin d’être minimes : erreur sur la date de construction ou encore sur la superficie avec une marge d’erreur de 25 m² !

“C’est embêtant puisque le diagnostic est fait à partir de mètres carrés. Si vous en mettez plus, vous allez avoir une note plus favorable” (Fanny Guibert, cheffe de la rubrique énergie de 60 millions de consommateurs)

Lorsque l’on regarde de plus près les résultats, il s’avère qu’il y a beaucoup d’erreurs dans la prise en compte des équipements du logement. Des portes ou des fenêtres ont pu être omises, des systèmes de ventilation mal pris en compte et même des pompes à chaleur ou des travaux d’isolation oubliés ! Chaque logement étant différent, il y a beaucoup d’ajustements à réaliser au cas par cas, notamment si le foyer dispose d’un insert à bois pour une partie de la maison, de radiateurs électriques pour d’autres et éventuellement d’une pompe à chaleur.

Les implications de l’enquête

Ces révélations sont relativement graves étant donné l’importance du diagnostic énergétique dans les mois à venir, comme nous le verrons ci-dessous.

Un autre point important réside dans le fait que, depuis juillet 2021, les critères des DPE ont changé et sont désormais opposables, c’est-à-dire qu’il est désormais possible de saisir la justice s’ils comportent des erreurs. 

Les pistes d’amélioration

60 millions de consommateurs s’est donc penché sur les raisons de ces nombreuses erreurs et il s’avère que les diagnostiqueurs manquent souvent de formation. L’association demande, par exemple, à ce que les artisans viennent à au moins 2 dans un bâtiment à évaluer pour pouvoir passer plus de temps sur le diagnostic et pouvoir valider à plusieurs les éléments mis en évidence.

Il y a également un problème au niveau des dates des formations. Beaucoup de professionnels ont été formés avant la nouvelle réforme des critères et ne savent donc pas comment remplir le document au plus juste.

L’association a donc rendu son rapport au ministère de la Transition écologique avec les différentes pistes d’amélioration relevés en mettant l’accent sur la nécessité de formations des professionnels amenés à réaliser les DPE.

Le DPE dans le futur

Ce rapport arrive à l’aube d’un changement profond de la performance énergétique de nos maisons. En effet, d’ici 2023, les logements les plus mauvais du point de vue énergétique, aussi appelés “passoires thermiques”, deviendront impossibles à louer.

C’est en effet les évolutions prévues par la loi Climat et Résilience qui prévoit l’instauration d’un audit énergétique obligatoire, en complément du diagnostic de performance énergétique, pour toutes les ventes de logements énergivores. Il entrera en vigueur progressivement à partir de septembre 2022.

Il y aura également un impact réel pour les propriétaires des logements situés en classes F ou G et qui verront leurs loyers gelés, c’est-à-dire qu’ils ne pourront plus augmenter avant d’avoir réalisé des travaux de mises aux normes.

Dans le futur, les logements dont la consommation excède 450 k/Wh/m² par an soit (soit environ 70 000 logements du parc privé) seront également interdits à la location et les 600 000 logements classés G seront, quant à eux, retirés du marché à partir de 2025. En 2028, ce sera au tour des 1,2 million de logements classés F puis, en 2034, aux 2,6 millions de logement classés E de ne plus pouvoir être mis en location.

L’objectif de l’ensemble de ces mesures est bien entendu d’inciter à la rénovation énergétique, l’usage des bâtiments représentant 1/5e des émissions de gaz à effet de serre de la France. Toutefois, mieux vaut s’assurer, avant l’application, de ces mesures de la fiabilité des différents audits qui vont évaluer les logements des français.

Sources : France Info, BFM TV

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Bastienne

Rédactrice Web-marketing. Après des études d'édition et l'écriture de trois livres, Bastienne s'est orientée vers la rédaction web chez Maison Energy, société française de distribution d'équipements pour l'habitat. Elle s'occupe de l'écriture de contenus pour le site e-commerce ainsi que pour le blog Conseils.

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