La science de l’attribution ou comment expliquer les dérèglements climatiques ?

Bastienne le mardi 31 Mai 2022 03:36

L’Inde et la Pakistan ont récemment connu un épisode de sécheresse terrible, sans commune mesure avec la vague de chaleur qui a touché la France au cours du mois de mai. Un groupe de scientifiques s’est penché sur le sujet et a fini par mettre en évidence un lien direct avec le réchauffement climatique. Ce constat a été rendu possible grâce à la science de l’attribution, une méthode en plein essor face aux nombreux dérèglements climatiques que nous connaissons depuis ces dernières années. D’autres enquêtes sont à retrouver dans notre rubrique actualités météo.

La science de l’attribution : comprendre ses enjeux

Eviter les raccourcis hâtifs

Nous le savons tous, en matière de météorologie, il est important de se montrer très prudent lorsque l’on recherche les liens de cause à effet pour expliquer les phénomènes climatiques exceptionnels. Robert Vautard, directement de recherche au CNRS tient d’ailleurs à le souligner : « Pendant de longues années, je répondais qu’il ne fallait pas faire le lien entre un événement extrême ponctuel et le réchauffement climatique ». 

Ainsi, il serait tentant de vouloir expliquer certains épisodes marquants de notre histoire récente, comme la canicule de 2003, les tempêtes de 2018 ou encore plus récemment la brusque chute de température de la ville de Denver. Pourtant, le récent rapport du GIEC reste formel sur son alerte face aux multiplication des événements extrêmes en raison du changement climatique causé par l’activité humaine.  

Pour tenter d’y voir plus clair, une nouvelle discipline a permis de changer la donne et d’étayer ces phénomènes grâce à des explications scientifiques. Il s’agit de la science de l’attribution. Grâce à elle, le WWA (World Weather Attribution) a pu affirmer avec plus de poids et d’arguments que la vague de chaleur qui s’est abattue depuis le mois de mars en Inde et au Pakistan a été rendue 30 fois plus probable à cause du changement climatique. 

Les origines de cette science

Même si elle n’est pas encore très connue du grand public, la science de l’attribution est née depuis 2004 déjà afin de tenter d’expliquer la vague de chaleur de 2003. Elle entend poser un véritable cadre méthodologique pour tenter d’évaluer le degré d’influence du changement climatique sur un événement météorologique. Cela a donc permis de différencier le fait de rendre systématiquement responsable le réchauffement climatique et reconnaître sa forte probabilité d’implication dans un événement.  

C’est donc un groupe de chercheurs du WWA qui s’est spécialisé dans cette branche depuis 2014 afin d’analyser systématiquement les catastrophes naturelles selon des critères très précis comme la durée ou la précocité des vagues de chaleur ou encore des sécheresse et pénuries d’eau. Suite à ces observations, les scientifiques peuvent alors dégager des grandes tendances ou encore réaliser des simulations. 

Zoom sur l’épisode en Inde et au Pakistan

« Ce que l’on dit, c’est que cet événement aurait pu se produire sans changement climatique, mais avec une moindre probabilité » (Robert Vautard)

Comme nous l’avons dit, l’Inde et la Pakistan ont récemment été durement touché par un épisode de canicule durable et intense. La méthode de la science de l’attribution, qui s’est immédiatement penchée sur le sujet, a donc permis de mettre en évidence que cette vague de chaleur, sans aucune activité humaine à la surface du globe, aurait eu 1 chance sur 3000 de se produire contre 1 sur 100 actuellement.

 

 

L’importance d’alerter dès l’arrivée de l’événement

Plusieurs événements ont ainsi été étudiés par le prisme de cette méthode, à l’image du dôme de chaleur qui a frappé l’Amérique du Nord en juin 2021 ou les inondations qui ont dévasté l’Allemagne et la Belgique en juillet 2021. 

La WWA insiste sur le fait de réaliser ses études au plus près possible du moment de l’événement, malgré les dégâts humains et matériels souvent dramatiques. Ce groupe souhaite en effet avoir l’attention des décideurs et des médias pour éveiller les consciences et ainsi alerter ainsi sur les dérèglements futurs, déjà pointés du doigt par le GIEC. 

Des liens pas forcément systématiques 

Néanmoins, le changement climatique n’est pas souvent à l’origine de certains phénomènes et il est parfois utilisé pour les justifier à tort. Par exemple, certains cyclones ou tempêtes étudiés par les scientifiques ont révélé n’avoir aucun lien avec le réchauffement de la planète en lui-même mais sont plutôt des événements cycliques récurrents. 

Ce qu’il faut donc retenir c’est que la science de l’attribution ne permet pas d’établir un lien formel de cause à effet entre une catastrophe et le réchauffement climatique mais seulement sur la probabilité accrue en raison de l’activité humaine et de ses implications. Et même s’il est parfois difficile d’obtenir des résultats détaillés, sans compter que la marge d’erreur reste toujours élevée, ces études permettent tout de même de corroborer les avertissements du GIEC sur l’accroissement du nombre et de l’intensité des phénomènes météorologiques.

Source : Les Échos

La science de l’attribution ou comment expliquer les dérèglements climatiques ?

Bastienne

Rédactrice Web-marketing. Après des études d'édition et l'écriture de trois livres, Bastienne s'est orientée vers la rédaction web chez Maison Energy, société française de distribution d'équipements pour l'habitat. Elle s'occupe de l'écriture de contenus pour le site e-commerce ainsi que pour le blog Conseils.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *