Végétaliser les villes pour réduire la chaleur

C’est un fait indéniable, les vagues de chaleur, ainsi que les épisodes de sécheresse et de pénurie d’eau, sont de plus en plus fréquents et intenses. Les scientifiques prévoient également une multiplication par trois de l’usage de la climatisation en Europe d’ici 2050. Face à ces constats, de nombreuses villes françaises se sont demandées comment rester au frais sans climatiseur et sont parvenues à plusieurs constats et solutions. Notre enquête sur le sujet. D’autres enquêtes sont à retrouver dans notre rubrique actualités météo.

Les chiffres du réchauffement climatique

Lors des épisodes de chaleur, les villes sont généralement particulièrement touchées. Certains centre-ville estiment d’ailleurs un écart de 4°C plus chaud par rapport à leurs périphéries. Face à ce constat, l’Ademe a publié un guide pratique “Rafraîchir les villes, des solutions variées” avec des recommandations à mettre en place. En tête de ce rapport, les données édifiantes concernant le changement climatique :

• les années 2015 à 2020 ont été les 6 années les plus chaudes jamais enregistrées ;
• selon le programme européen Copernicus, qui récolte les données sur l’état de la Terre, la planète gagnerait en moyenne 0,2°C par décennie depuis la fin des années 70 ;
• une augmentation de +1,3°C à 5,3°C est attendue d’ici la fin du siècle selon les scenarii du GIEC ;
• deux fois plus de vagues de chaleur sont à prévoir en France d’ici 2050 selon Météo France.

Au moment de ces pics de chaleur, les villes deviennent alors de véritables îlots de chaleur en raison de la concentration des bâtiments bétonnés et de la carence en végétaux et en sols perméables capables d’absorber l’énergie solaire. Plusieurs villes de France ont donc réfléchi à l’urgence de rafraîchir leurs espace étant donné que la chaleur extrême peut en effet avoir des conséquences néfastes sur notre santé.  

Les actions à mener sur différents niveaux

L’importance de végétaliser les villes

La présence de nature (espaces verts, parcs…) est un élément essentiel au rafraichissement des villes car il permet de renforcer la biodiversité et de développer des îlots de fraicheur pour leurs habitants. Cela peut également passer par l’action de retirer le béton pour y mettre de la pelouse, notamment dans les écoles ou sur les parkings. L’action de végétaliser, et donc de planter par exemple des arbres ou des buissons, permet d’apporter de l’ombre, notamment sur les façades qui peuvent rapidement emmagasiner de la chaleur.

Une autre solution soulevée par le rapport de l’Ademe consiste à végétaliser les toitures ou les façades. Cette action permettrait d’ailleurs d’avoir un lien indirect sur la surchauffe urbaine (c’est-à-dire les rejets de chaud des villes, notamment depuis les climatiseurs) car ces espaces végétalisés favorisent la réduction de la consommation de la climatisation. 

D’autant plus que ces actions sont également bénéfiques pour la nuit : s’il y a moins de chaleur emmagasinée durant le jour, c’est donc moins de chaleur qui sera libérée la nuit ! Et donc un meilleur confort pour les habitants des quartiers urbains.

Favoriser les sols poreux

Pour éviter d’emmagasiner la chaleur, les sols ont beaucoup d’importance, en plus des espaces végétalisés. Ainsi, il existe des sols enrobés poreux qui permettent de mieux stocker l’eau tout en rendant le sol plus clair, ce qui permet de davantage conserver la fraîcheur. Plusieurs villes en ont ainsi équipé leurs espaces clé comme les écoles, malgré le coût qui est malheureusement 30% plus cher que l’asphalte classique. 

D’autres solutions ont également été trouvées pour répondre à ce défi et l’Esitc de la ville de Caen a par exemple développé des éco-pavés fabriqués à partir de coquillages broyés (©photo : Esitc).

Ce matériau ultradrainait contient ainsi entre 20 et 25 % de vide, ce qui permet à l’eau de s’écouler, encore plus vite que dans du sable.

Ces éco-pavés, testés dans plusieurs villes, ont ainsi permis de rafraîchir l’atmosphère, notamment dans des endroits difficilement possibles à végétaliser, comme des grandes avenues bétonnées, tout en répondant à une demande locale de recyclage des coquillages.

Grâce à ces différentes actions, certaines villes ont ainsi réussi à faire baisser de 5°C la température dans leur centre-ville, prodiguant ainsi un meilleur confort pour les riverains.  

Sources : France 3, France Info,