Nappes phréatiques : les solutions pour lutter contre leur assèchement
Bastienne le mercredi 01 Juin 2022 05:21
Les épisodes de sécheresse et de pénurie d’eau tout comme les vagues de chaleur vont devenir de plus en plus fréquents, et surtout intenses, selon les scientifiques. Les risques d’assèchement des nappes phréatiques sont donc réels et peuvent devenir inquiétants à terme. C’est pour cela que plusieurs régions ont réfléchi à des solutions pour ne plus manquer d’eau. Pour rappel, nous tenons à votre disposition une rubrique dédiée aux actualités liées à la météo.
Les différentes initiatives
L’été 2022 s’annonce déjà compliqué en terme de stress hydrique, notamment en raison d’un hiver 2021 qui a été particulièrement sec. Une vingtaine de départements ont déjà vu le niveau de leurs nappes phréatiques réduire de manière importante. Heureusement, des solutions existent pour préserver leur alimentation en eau, comme utiliser l’eau des fleuves.
Les Yvelines
Dans les Yvelines, l’eau de la Seine est ainsi transformée en eau propre, c’est-à-dire qu’elle est débarrassée des branchages et/ou des détritus avant d’être traitée puis filtrée pour s’assurer d’une qualité suffisante pour pouvoir venir recharger artificiellement les nappes phréatiques. Lors de ce traitement, les matières en suspension vont tomber au fond des bassins grâce au procédé de décantation. L’eau est ensuite envoyée dans des cuves remplies d’une couche de charbon actif qui permet de retirer les dernière particules impropres.
Lorsque l’eau est jugée suffisamment pure, elle est ensuite déversée dans d’immenses bassins pour permettre son infiltration directe dans les nappes phréatiques. Elle mettra deux jours pour traverser le sol grâce à sa perméabilité, alors qu’elle a besoin de plusieurs semaines dans le cycle naturel de l’eau. Cette méthode, existante dans une vingtaine d’endroits en France, permet ainsi de pomper environ 15 à 30 millions de mètres cube dans la Seine, ce qui produit l’équivalent de l’eau potable d’1 million de personnes.
L’Ardèche
Une commune d’Ardèche expérimente actuellement, à l’initiative d’un ingénieur français, une sorte de nappe phréatique artificielle, conçue comme un “Réservoir d’eau enterré plein de sable”. Cette démarche a été rendue nécessaire en raison de l’augmentation de la population durant l’été due aux résidences secondaires. Lorsqu’arrivent les saisons touristiques, le débit de la source qui alimente la commune le reste de l’année est beaucoup plus sollicité : elle a ainsi baissé de 20 % en quinze jours, ce qui ne présage pas un scénario favorable s’il ne pleut pas beaucoup durant le mois de juin pour recharger la nappe en eau.
C’est donc pour cela que la commune a décidé de creuser un bassin de 30 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur, ce qui donnera l’équivalent de 300 mètres cube d’eau qui seront ensuite enterrés et recouverts d’une surface de pelouse. C’est Thierry Labrosse, directeur général d’Energis, qui a conçu ce dispositif qui lui a valu la médaille d’or au concours Lépine en 2011.
Pourtant, ce n’est pas une technique nouvelle puisqu’elle était déjà utilisée par les Romains il y a plus de 2000 ans. En effet, conserver l’eau dans du sable permet d’éviter son croupissement, là où l’eau potable ne peut normalement pas rester stockée plus de 4 jours pour raisons sanitaires. Mais cette méthode permet à l’eau de prendre la place de l’air entre les petits grains, ce qui rallonge sa conservation à un an sans prolifération de mauvaises bactéries. Bien évidemment, l’eau sera traitée au chlore et contrôlée toutes les semaines, comme le veut la règlementation.
Soutenu par les habitants de la commune, ce projet devrait couter 84 000 euros, subventionné par l’Etat et le département, et permettra d’éviter à ce village des coupures d’eau au robinet. La fin des travaux est prévu pour mi-juillet et le réservoir sera rempli à l’hiver prochain.