Flambée des prix des matières premières : les artisans du bâtiment s’adaptent
Bastienne le lundi 30 Mai 2022 04:37
Depuis quelques mois, les difficultés d’approvisionnement et la hausse des prix des matériaux ont poussé les entreprises du bâtiment à s’adapter. Zoom sur les causes, mais aussi les conséquences, de cette nouvelle conjoncture économique mondiale. Nous vous invitons aussi à découvrir le reste de nos actualités consacrées au financement.
Les raisons de cette hausse de prix
Bois, PVC, aluminium, la crise des matériaux et matières premières s’est durement fait ressentir durant ces derniers mois. Entre janvier et avril, les prix ont ainsi flambé de 18 %. Il faut savoir que c’est une augmentation qui est souvent observée au cours d’une année entière, et non d’un seul trimestre !
Face à cette hausse, les artisan ont peu de levier pour continuer à ce dégager de la marge. Le premier moyen d’amortir ces prix en hausse demeure d’augmenter leur devis. 60 % des entreprises ont ainsi déclaré avoir répercuté la hausse des coûts sur les consommateurs.
Pourtant, les professionnels ont également rencontré un nouveau problème dans l’établissement de leur devis. En effet, face à une situation mondiale tendue, les fournisseurs de ces matières premières ont, eux aussi, beaucoup de mal à garantir les prix au-delà de 24 heures, demandant souvent des paiements comptants, ce qui rend l’établissement des devis extrêmement difficile pour les artisans, comme le souligne la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment).
Cette flambée des prix rend donc la situation dans la filière du bâtiment tendue. D’autant plus qu’il est difficile d’expliquer convenablement cette envolée. Covid 19 ? Guerre en Ukraine ? Difficile d’y voir clair et c’est pour cela que Jean-Christophe Repon demande une plus grande transparence des distributeurs, souvent soupçonnés de profiter du contexte inflationniste pour augmenter leur marge…
La difficulté de trouver des matières premières
En plus de l’augmentation des prix, certains matériaux sont devenus difficiles à trouver. En effet, le Covid ayant ralenti l’activité du secteur, la reprise a été plus qu’encourageante avec des carnets de commandes qui se sont considérablement étoffés après le plus gros de la crise. Ces hausse des commandes et des chantiers ont ainsi entraîné une demande bien supérieure à l’offre du marché et donc une désorganisation des filières d’approvisionnement.
A cela est venue s’ajouter la guerre en Ukraine. La Russie étant le cinquième producteur mondial d’acier, mais également le fournisseur de près de 80 % des besoins français en alumine et un grand exportateur de bois, il est facile de comprendre à quel point les différentes filières ont été impactées.
Ces événements ont donc plongé de nombreuses entreprises du bâtiment dans un cercle vicieux : comme les matières premières sont difficiles à trouver, beaucoup de chantiers sont à l’arrêt. Or lorsqu’un chantier est arrêté, l’entreprise n’est pas payée, ce qui la rend dans l’impossibilité d’avancer les paiements comptants demandés par les distributeurs, comme nous l’avons évoqué plus haut. Les problèmes de trésorerie deviennent donc malheureusement de plus en plus fréquents.
Les perspectives pour les mois à venir
Dans ce contexte général agité, la hausse des prix des carburants a également contribué à fragiliser l’activité du secteur du bâtiment. Les coûts des livraisons ont ainsi augmenté, demandant un effort financier supplémentaire pour des entreprises déjà impactées par la crise. La filière du bâtiment attend donc beaucoup des actions ministère de l’Économie pour retrouver davantage de sérénité dans les mois à venir.
D’autant plus que les prévisions d’activités sont encourageantes ! Dans un premier temps, l’activité des artisans du bâtiment a augmenté de 3,5% au premier trimestre 2022. Et avec la flambée de l’activité dans l’immobilier neuf sur la fin de l’année 2021, les carnets de commandes se remplissent. Le marché de la rénovation est également très porteur, notamment grâce aux dispositifs d’aides à la rénovation énergétique mis en place par l’État.