RE2020 : les enjeux pour les industriels du bâtiment
Bastienne le jeudi 09 Juin 2022 02:33
La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) est entrée en vigueur le 1er janvier 2022 pour favoriser une meilleure prise en charge des constructions des bâtiments neufs à travers le prisme du changement climatique. L’objectif est clair : réduire l’empreinte carbone des bâtiments. Toutefois, ces actions induisent beaucoup d’investissements de la part des industriels du secteur. Nous enquêtons aujourd’hui sur les leviers du renforcement de l’action environnementale ainsi que les freins évoqués par les professionnels du bâtiment. D’autres enquêtes sont à retrouver dans notre rubrique actualités écologie.
Le contexte
L’objectif de l’Union européenne, à travers notamment son dernier plan de transition énergétique, est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour cela, plusieurs actions ont été menées, à travers notamment les Accords de Paris ou encore la loi Energie-Climat, afin d’anticiper au mieux la hausse de 2°C prévue sur l’ensemble du globe d’ici 2100 selon les scientifiques. Pour y arriver, la décarbonisation des méthodes de production doit donc être au cœur des projets gouvernementaux mais également des entreprises du bâtiment.
Les actions à mettre en place par les industriels
Modifier les recettes des produits
Certains entreprises n’ont heureusement pas attendu la RE2020 pour mettre en place des démarches bas-carbone dans l’espoir d’aboutir à un bilan environnemental positif. A travers cette volonté, l’usage du PSE pour les entreprises travaillant dans l’isolation pose un véritable problème car, même si le processus de fabrication du polystyrène expansé (PSE), est un procédé plutôt sobre, sans additif ni grande transformation, il nécessite toutefois un processus d’extraction de sa matière brute polluante.
L’entreprise Hirsch Isolation, face à la RE2020, s’est ainsi engagée à trouver une nouvelle manière de fabriquer du polystyrène, sans provenance d’une énergie fossile. Pour cela, le Cellomur Ultra ECA, mis en place en 2020, a permis de répondre à cette démarche innovante : c’est en effet le premier né d’une nouvelle génération d’isolants PSE à faible impact carbone puisqu’il limite de 60 % son impact par rapport à un isolant PSE classique.
Le Cellomur Ultra ECA est fabriqué à partir de déchets végétaux et forestiers européens et ce nouveau procédé de fabrication pourrait donner l’espoir du remplacement d’une matière première polluante issue du pétrole par un composant beaucoup plus respectueux de l’environnement.
Un autre matériau extrêmement polluant dans le secteur du bâtiment reste le béton car sa fabrication nécessite du ciment qui représente un poids carbone important. Certains entreprises, comme Soriba, ont donc tenté de modifier leurs recettes de production pour inclure différents types de ciment plus vertueux.
Pour parvenir à un bilan carbone plus respectueux, les entreprises ont également à disposition les FDES (fiche de déclaration environnementale et sanitaire) qui sont un outil essentiel pour l’évaluation de la performance environnementale des bâtiments car elles permettent de donner des valeurs carbone et de les calculer dans le cadre de la RE2020.
Augmenter le recours au recyclage
En plus de diminuer l’impact environnemental global de notre civilisation, le recyclage permet d’éviter le gaspillage des ressources naturelles tout en sécurisant l’approvisionnement de l’industrie en matières premières. Le recyclage permet ainsi d’éviter, chaque année en France, 20 millions de tonnes d’émissions de CO2. C’est donc l’un des enjeux fondamentaux de la RE2020.
Chez Hirsch Isolation, une démarche de recyclage avait déjà été engagée depuis 2011 mais ce processus s’est accéléré puisque l’entreprise récupère désormais les déchets de ses clients, comme les chutes et les coupes d’isolants. Pour mettre en œuvre cette démarche, l’entreprise s’appuie sur le réseau national des recycleurs de polystyrène pour que n’importe quel chantier en France puisse trouver un point proche où déposer ses déchets à recycler, dans le cas où n’y aurait pas d’usine du groupe à proximité. Et pour accompagner ce mouvement, en évitant ainsi l’affluence massive de déchets dans les usine de recyclage, l’industriel a également choisi d’investir dans ses propres usines pour en faire, par la suite, des plateforme de recyclage et de compactage.
Du côté de chez Soriba, en plus de miser sur le recyclage, l’entreprise essaye également de réduire ses déchets dans le début du processus de production en créant par exemple de nouvelles méthodes de conception. Certains déchets peuvent ainsi être réintégrés comme les agrégats recyclés dans les formulations béton.
Source : Batiweb