Paris : une usine fabrique de l’air frais avec… l’eau de la Seine !
Une usine gigantesque située sous la capitale récupère l’eau de la Seine pour créer de l’air frais afin de rafraîchir l’atmosphère de plusieurs bâtiments comme le musée du Louvre ou l’Assemblée nationale. Zoom sur cette initiative prometteuse. D’autres initiatives citoyennes vous attendent dans notre rubrique actualités écologie !
Une initiative prometteuse
Vous ne pourrez jamais discerner cette usine à l’œil nu puisqu’il faudrait plonger à 30 mètres de profondeur sous la place du Canada, dans le 8e arrondissement de Paris, et seule une grille au sol permet de deviner sa présence. C’est donc là qu’une usine récupère l’eau du fleuve pour en extraire la chaleur et produire ainsi du froid. Elle est reliée à un réseau de froid urbain (RFU) qui distribue de l’air frais et permet donc de climatiser plusieurs bâtiments de Paris.
Elle possède d’ailleurs 43 % du RFU de Paris et distribue à ce jour 10 % du froid dans la capitale, ce qui représente 375 gigawatts par heure d’énergie frigorifique distribués à près de 800 clients dont des bureaux mais aussi des bâtiments célèbres. Le site de production a été baptisé “usine Canada” en raison de sa localisation. Il existe depuis 2008 et fait partie des dix sites de production d’eau frigorifique de Fraîcheur de Paris, propriété d’Engie (85 %) et de la RATP (15 %).
Comment cela fonctionne-t-il ?
Cette méthode d’avenir vise donc le remplacement progressif des systèmes de climatisation individuels qui, mal utilisés, peuvent être très énergivores et rejeter beaucoup de CO2. Car justement, l’usine se concentre sur un air frais mais pas glacé, comme chez beaucoup de personnes qui règlent mal leur climatiseur. Un écart de 5 à 8°C par rapport à la température extérieure suffit amplement pour se sentir mieux et affronter ainsi les vagues de chaleur.
Un tel dispositif de rafraichissement permet, en prime, de faire baisser de 50 % les émissions de gaz à effet de serre et de réduire de 35 % la consommation énergétique.
Comme nous le disions, pour accéder à l’usine, il faut descendre à plusieurs sous terre par un escalier en colimaçon. La production se fait sur quatre étages, au milieu de centaines de mètres de tuyau, répartis sur plus de 2500 m² en tout. Huit machines frigorifiques permettent d’effectuer l’échange de chaleur en extrayant les calories de l’eau avant de renvoyer la chaleur à l’extérieur, que ce soit pour produire de la chaleur ou être remise dans les nappes phréatiques.
La salle de distribution permet d’acheminer l’eau à travers un réseau de canalisation de 90 km. 15 000 m3 de l’eau de la Seine circulent chaque année dans cette usine et la technique de refroidissement permet une dépense énergétique quasi nulle. Ce système n’a d’ailleurs aucun impact environnemental sur la Seine car le débit utilisé est très faible et que l’exploitation est également soumise à de nombreuses normes comme l’interdiction de pomper si l’eau est à plus de 31°C ou de rejeter l’eau s’il y a plus de 5°C d’écart avec le fleuve.
Les perspectives d’avenir
La ville de Paris dispose ainsi du plus grand réseau de froid urbain en Europe et le 11e au monde. Pour poursuivre sur cette lancée, la ville va continuer d’étendre et de développer son réseau jusqu’en 2042 avec l’ambition d’en faire le plus grand du monde. D’ici là, le réseau a prévu de passer de 90 à 250 km de réseau et comptera 20 usines de production supplémentaires pour alimenter les crèches, écoles, EHPAD, etc. et ainsi les rafraîchir de manière écologique.
Cela permettrait ainsi, selon les estimations, d’économiser 60 000 tonnes de CO2 par an, soit 60 000 allers-retours Paris-New-York.
Source : Actu Paris
Crédit photos : ©JB actu Paris
